Nous étions en novembre et les frimas précurseurs de l'hiver balayaient les trottoirs. Submergée par un profond sentiment de gratitude envers cet homme, cette rencontre faisait comme ouvrir à nouveau la porte de la vie devant moi : je me sentis soulevée comme une naufragée sur un îlot inhabité, qu'on empoigne pour la ramener parmi les vivants.
Le Caducée du coin de la rue des Saints-Pères et de la rue Jacob où je me suis installée, le temps d'un café, me permit de retrouver mes esprits. Cette brasserie était tenue par un couple fort sympathique et j'y retournais souvent pendant les années où je me rendais chez Lacan. C'était devenu un peu le point de rencontre où se croisaient des « analystes-analysants », une occasion pour nous de parler de nos expériences, un peu de nos vécus d'analyse, et de tout et de rien...
Et dans cette ambiance d'habitués, réconfortée par mon café, absorbée et ballottée dans un brouillard où je flirtais encore avec ma paisible incertitude, je savais déjà, à ce moment-là, ce que j'allais lui dire.
Et dans cette ambiance d'habitués, réconfortée par mon café, absorbée et ballottée dans un brouillard où je flirtais encore avec ma paisible incertitude, je savais déjà, à ce moment-là, ce que j'allais lui dire.
Rencontre avec Lacan
