Du « « Steinway » par Alain Kremski, deux Préludes de J.S. BACH, suivis de La lugubre gondole de LIZST. Le cadre historique dressé d’entrée par Henri-Christian Giraud : tristesse, désolation, perversion et mort, réalités lourdes et incontestables au milieu d’individus et de classes dénoncées « ennemies du peuple », punies d’expropriation, de déportation, goulags, le réel constitué du livre.
Puis le soulèvement, en 1956, « de petits contre les grands ».  Et aussi ces enfants héros, scènes flamboyantes de cocktails molotovs s’embrasant sous les chars russes, ou grimpant à l’assaut des tourelles pour tenter de les introduire dans l’enceinte des colosses d’acier.

Récit bouleversant d’une enfance déchirée sur fond de la prise du pouvoir par les communistes dans le pays, Eva Fuzessery dépeint les scènes du tableau : une traversée du traumatisme grâce à la rencontre de la psychanalyse et de Jacques Lacan.
Le Tango de l’Archange n’est pas champs de ruines. Il est renaissance, reconstruction et traversée d’un traumatisme qui a frappé toute une population, à l’instar de peuples réduits et confinés sous la férule d’un régime totalitaire.

La psychanalyse, à l'ordre du jour en raison de l’engagement de l’auteur, psychanalyste, Alain Didier-Weill s'en est fait l'écho, évoquant d'abord la lettre tirée du livre, de la mère de l’auteure, artiste peintre, à sa fille.  Désignant cette "vie à meubles fracassés", et de son héritage symbolique : la voie de reconstruction et de transmission à la génération future…

Montrant que le Tango de l’Archange est loin d’être un livre de grammaire de psychanalyse, même si la toile psychanalytique en constitue l'une des trames, le trait poétique, itinéraire et vagabond, ne cessait de planer sur la soirée, par les extraits de lectures bouleversantes par  José Valverde, bouclant sur la trame de traversée et de reconstruction pacifiée.

La souffrance devient le creuset douloureux ou prend racine la sublimation, de la terre brûlée resurgit la rose, à la pierre aride mariant ses plus belles couleurs...
Cette même déchirure de l'histoire, n’est elle pas aussi ce qui fait de la Hongrie ce réservoir d’où transcendent art et poésie, omniprésents dans cette contrée, poésie souvent mélancolique, souvent triste ? Le hongrois lorsqu’il s’amuse, pleure, dit un proverbe hongrois.

Alain Didier-Weill pointa ensuite de sa métaphore, ce vide médian agissant, articulé par Lacan dans la préparation de son séminaire avec François Cheng ….
Entre les mains devant l’artiste, tourne tout d’abord un vide, l’argile s’érigeant lentement autour, projetant les traits naissants avant de devenir "forme", répondant à la projection créatrice de l’artiste…

Tout au long de la soirée, le timbre vibrant, profond, la voix de José Valverde rappela l'auditoire en son for intérieur, pour sentir l'articulation opérante, pacifiante du Tango de l'Archange.

Accompagnant la soirée vers sa résolution, l’adagietto, transcription pour piano du mouvement lent de la 5è Symphonie de MAHLER vint couronner l'événement.
Kremski enchaîna, en hommage à Eva, à son travail et à son histoire : l'Ave Maria de SCHUBERT, - une transcription pour piano, qui bouleversa bien des sensibilités, réconciliation de plans éloignés reliés en un lieu, suivi d'une musique symbolique d’un Gurdjieff : Sainte affirmation, Sainte négation, Sainte réconciliation qui referma la page et souffla la bougie.

Autour d'un buffet généreux de spécialités hongroises dans ce lieu d’accueil purent s'échanger les propos, avant que l’assemblée ne se dispersat, promettant retrouvailles autour de la culture hongroise le 8 novembre « Kultur Buli » en ce même endroit.
Et bien entendu, pour d’autres événements à venir autour du Tango de l’Archange et de ses auteurs. (annonces sur le site : www.tango-archange.com)

Remerciements réitérés à l’Institut Hongrois et à son Directeur Artistique d’avoir rendu possible cette belle rencontre.                                                                   
     b. enderlin
Emotion à l’Institut Hongrois, autour d’un « vide médian agissant » - Première présentation du Tango de l’Archange.